Maria de Rossi : un petit hair de musique

Dans cet article, on s’intéresse à la chanteuse marseillaise Maria de Rossi et... à son instabilité capillaire. Après plusieurs albums à succès entre les années 70 et 80, celle qui a été la marraine du 1er TGV Paris/Marseille et de l'OM tombe doucement dans l'oubli. Ses fans se seraient-ils perdus dans le dédale de ses innombrables coiffures ? Une enquête exclusive signée Matthieu Mas.

Chanteuse pop, pop, populaire de la Cane, Cane, Canebière Maria de Rossi a fait les belles heures des mange-disques orange des années 1970 et brillée dans les émissions de Guy Lux et de Danièle Gilbert. Avec ses faux airs de Stephanie Powers, sa voix cristalline et son accent chantant, elle incarnait la sympathique girl next door provençale. Fan, le Shah d’Iran lui aurait même offert des bijoux !

Disparue des radars au mitan des années 1980, ses tentatives de come back feront long feu, malgré (ou à cause) de ses participations aux émissions de Pascal Sevran. Romances, chansons d’opérettes, variété, disco et même new wave, elle aura essayé autant de genres que de coupes de coiffure. Robert Smith des Cures a déclaré lors d’une interview que ce qui fait une star, c’est son style inimitable de coiffure – et il en sait quelque chose. Son instabilité capillaire a-t-elle empêché la pleine éclosion de la Marseillaise à la voix d’or ? Voyons cela en six chansons et six coupes, mais faudra tif’ hair : il est temps de mettre Maria de Rossi dans sa playlist d’été pour chanter, rire et danser.

Désir de pl’hair : Est-ce qu’après une danse ? (1969)

Alors les producteurs se disent, tiens on a une fille du sud à lancer et si on lui faisait chanter des sérénades hispanisantes. La Isla Bonita avant l’heure. Longs cheveux noirs de jais, raie au milieu et jupes bouffantes, Maria de Rossi empile quelques espagnolades comme Les roses rouges au soleil, Mañana et des chansons sentimentales formatées pour l’Eurovision – à laquelle elle ne concourra jamais. L’une d’elle, Parce que je t’aime plus que moi, sera reprise, avec succès, par Mike Brandt.

Le best c l’hair : Il est marseillais (1975)

Pause dans les chansons un peu mièvre, Maria, du haut de ses 25 ans, célèbre l’amour joyeux et la Provence natale, tout en long cheveux châtain clair, petite frange rideau, sourire éclatant et pantalon pattes d’eph. Le succès est au rendez-vous ! Il est Marseillais, naissance d’un hymne ! Suivent Le Populo, Et Johnny était content, Ah que j’aime la moustache ! C’est la jeune fille sympa qu’on aimerait avoir pour copine.

L’art de pl’hair : Cane Cane bière (1976)

Entre deux disques dans l’écurie de RCA, Maria de Rossi signe chez Barclay un premier album dont le titre sent bon la lavande : Du soleil pour la France. On exploite la veine régionaliste avec des titres comme Magali, Un petit cabanon, Les marchés de Provence et bien sûr la Cane Cane Canebière ! On éclaircit encore d’un ton la couleur : blond soleil. Et on opte pour la coupe secrétaire de mairie de bonne humeur, un peu déstructurée : frange lisse et bouclettes latérales mi-longues.

Evolu’tif : Salut crocodile (1980)

Le filon provençal s’est épuisé de lui-même et Maria se cherche une stature nationale durable. Toute la concurrence, de Sheila à Karen Cheryl, a rebondi grâce au disco, pourquoi pas elle ? Contrairement à ses rivales, elle est plus en voix qu’en jambes et ses trémoussements timides secondé par un disco qui ne s’assume qu’à moitié ne lui permettent pas d’effectuer la grande percée. On la voit défendre son 45T à la télé les cheveux plus longs, couleur miel, lisses, frange casque. Côté pochette, autre ambiance : coupe un peu sauvage, un peu sapin de Noël sans la déco, mèches… laquelle de ces coupes permet au titre, à l’origine une face B, d’obtenir son petit succès ?

No peigne no gain : Fini, FINII (1980)

Maria de Rossi veut s’affranchir de son image de boulangère affable. Elle affiche un crâne rasé, en mode post Blade Run’hair en couverture de son nouvel album. Elle se frotte à des univers musicaux inédits avec des titres au style difficilement définissable comme Fini, F-I-N-I-I (dont une version en anglais) ou Appelle-moi, appelle-moi : un soupçon de rock, un nuage de new wave, un doigt de pop, une nuance d’électro et une pincée de ska… Du synthé à gogo, comme on l’appréciait à l’époque, mais pas les fans de Maria. Ils sont désorientés, la presse la snobe : l’audace ne paie pas sur ce coup-là.

Pant’hair : Safari à Paris (1984)

Fini l’expérimentation avant-gardiste et les prises de risque, Maria de Rossi retrouve sa couleur châtain, se fait faire un casque de mèches crêpées qui lui donne un faux air de Chantal Nobel et de Rosy Varte. Plus lionne que panthère, son Safari à Paris ne suffit pas à l’amener aux portes du Top 50. Elle s’éclipsera l’année suivante pour se consacrer à sa vie de mère, avant de retenter sa chance à la fin des années 1990.

Défini’tif

Est-ce que Maria de Rossi cherche encore son style capillaire au tournant du siècle ? Oui. Est-ce qu’elle le trouve ? Non. Chacune de ses apparitions lui confère un nouveau visage, que personne n’identifie. Choucroute blonde à la longueur et au volume tonitruant, casque brun laqué, carré ondulé, cheveux ultra-courts, blonds, puis roux, puis bruns, puis rouge… on y perd son latin mais elle régale tous les salons d’Istres à Bouc Bel’Hair, se produit dans quelques galas, une tournée Var Matin. Mais, tristement, en l’absence de nouveaux titres et de la confiance d’une maison de disques, le succès ne revient pas. D’ailleurs, que ce soit sur Deezer ou Spotify, on ne trouve qu’une édition « disque d’or » de ses succès provençaux ré-enregistrés en mode bal musette. Il est temps de lui pardonner ses errances capillaires et de redécouvrir en version vinyle cette belle voix et les joyeuses mélodies de cette artiste légend’hair.

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